Le goût de la course avec le Cartel et RGT

Le goût de la course avec le Cartel et RGT

Retraité de la course sur route, David Desjardins raconte comment il a renoué avec ce mode de vie grâce aux événements organisés par Vélo Cartel chaque samedi. Un témoignage qui donne envie de prendre le départ. 

Je suis arrivé à la course cycliste sur le tard. 

J’avais couru en dilettante en vélo de montagne quand j’étais ado. Puis, après des années d’hygiène de vie pour le moins douteuse, je m’y suis remis, de même qu’à la course à pied. J’ai emprunté un vélo de route pour faire du volume avant un raid, me suis épris de vitesse et presque aussitôt, j’ai voulu faire de la course. J’avais 30 ans.

Après quelques cyclosportives et gran fondos, je m’y suis plus sérieusement mis. C’est une des choses les plus exaltantes que j’ai faites dans ma vie. Dès le départ, j’aimais l’idée de l’échappée, de m’extraire du groupe et de tenir le coup. J’avais un certain talent pour souffrir. J’y suis donc parvenu à suffisamment de reprises pour recommencer, encore et encore, même lorsque j’étais en compagnie de pointures nettement plus imposantes. À bout de souffle, exsangue, tenant les roues comme si ma vie en dépendait. 

Dans le peloton, j’aimais les accélérations. Les relances. Les attaques. Les trous à boucher. Les coups de bordure. J’aimais aussi l’aspect fraternel des événements. La même bande retrouvée à chaque course, et plus encore la motivation à m’entraîner fort. Mais après quelques chutes, je me suis mis à avoir peur. Et la peur est plus dangereuse que tout lorsque tu roules à 50 km/h au milieu d’un paquet de sardines couvertes de lycra. Après quelques coups de frein stupides de ma part et un con qui a presque failli me faire chuter à nouveau, j’ai jeté mes numéros, rangé mes petites épingles à couche qui servaient à fixer mes dossards à mon maillot, et abandonné, à regret, les rendez-vous hebdomadaires dans le parc industriel de Saint-Augustin. 

 

Un retour dans le métavers

Tandis que la pandémie sévissait, comme tout le monde, je me suis tourné vers l’entraînement virtuel à la maison. Privé des séances du Cartel, je suis passé à travers toute la gamme des plateformes. 

Je me suis aussi essayé aux courses sur Zwift. C’était brutal, mais je n’y ai pas retrouvé le fix d’adrénaline de la véritable expérience. C’était dur. Ridiculement dur, en fait. Aussi, lorsque j’ai répondu à l’appel du Cartel pour rejoindre les courses organisées par Bruno, je n’avais aucune attente. Si ce n’est de renouer avec des parcours québécois que le coach pouvait, sur la plateforme RGT, calquer à l’aide de la fonction Magic Roads, qui permet d’importer un fichier .gpx pour reproduire n’importe quelle sortie. 

Dès la première expérience, j’ai découvert un feeling qui ressemblait nettement plus au vrai truc. Sans risque de chute. D’abord, l’effet d’aspiration y est extraordinairement réaliste. Selon l’endroit où l’on s’abrite, on peut même constater dans le tableau l’efficacité de la protection que l’on obtient en prenant les roues. Les virages serrés se font en roue libre. Les accélérations ressemblent à ce qui se produit à l’extérieur. Boucher les trous. Les relances. Les attaques. Tout cela me paraissait bien plus réaliste que sur Zwift. Après un essai, j’étais accro.

 

Héros du samedi

En quelques semaines, cette expérience de course virtuelle et venue redonner du sens et de la structure à mes entraînements.

J’ai continué de fréquenter la plateforme RGT pour profiter des cours en groupe du Cartel. La télé installée au sous-sol en début d’hiver, branchée au Apple TV (qui soutient l’application RGT), me procure une expérience immersive qui s’apparente à celle de la salle d’entraînement en groupe. J’enfonce mes écouteurs dans mes oreilles, je monte le volume et fais le vide autour de moi, grâce à la playlist du moment. Je ne suis que mon corps qui souffre, je décompose chaque bloc d’efforts en décomptes. Chaque effort en secondes. Et vu que je ne suis pas seul, j’ai le sentiment, comme en salle, d’être soutenu par le groupe. 

Puis, chaque samedi, même si j’ai un peu levé le coude la veille pour vaincre le blues pandémique, je me lève tôt, mange mon gruau, exécute scrupuleusement le protocole de mise en jambes proposé par Bru, et je prends ma place au départ de la course. 

Si je m’essaie encore avec les meilleurs, histoire de faire reluire mon ego d’athlète amateur vieillissant, je pourrais vivre la même expérience dans d’autres catégories (il y en a aussi une pour les femmes) où l’événement se déroule en simultané, à des vitesses plus tolérables. Ou alors, je pourrais simplement faire l’entraînement du jour qui figure à l’horaire du Cartel.

Mais j’adore ces courses virtuelles. Elles m’obligent à me dépasser. Le temps y file sans que je m’en aperçoive, je suis forcé de me servir de ma tête pour bien me positionner, gérer mon effort, appuyer mes coéquipiers et, au besoin, tenter de neutraliser la chasse ou les tentatives de poursuites individuelles si j’ai un comparse évadé à l’avant. 

J’ai recommencé à mieux m’alimenter. J’ai repris le yoga. Je complète mon volume avec la course à pied et le ski de fond, histoire aussi de respirer l’air du dehors. J’ai retrouvé la structure que j’avais perdue.

Puis je retrouve la course le samedi. L’envie de tout laisser sur la route. Comme dans le temps. Sans risque. Avec des chums, des rivaux. Tous les autres héros du samedi, quoi.

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