Vous lisez les paramètres de votre entraînement du jour dans votre agenda et vous soupirez.
Il fait beau. Vous pourriez faire autre chose. Aller vous baigner. Pique-niquer. Faire une sortie pour le plaisir seulement. Accumuler les junk miles et vous arrêter dans un casse-croûte pour manger une crème glacée…
Une certaine fatigue s’est installée chez vous. Elle est surtout mentale. L’enthousiasme des derniers mois n’y est plus. Peut-être parce que vos principaux objectifs de la saison ont déjà été atteints. Ou sont-ils trop lointains? D’autres sphères de votre vie vous semblent plus attrayantes, peut-être?
Déterminer pourquoi je fais ça
Comme nous l’expliquait Christiana Bédard-Thom dans un précédent article, il existe deux types de motivation : intrinsèque et extrinsèque.
Grossièrement, la première définit l’autodétermination, l’autre les facteurs extérieurs qui nous poussent à persévérer lorsque la volonté manque – gagner une course, par exemple.
Il faut donc travailler sur les deux aspects de la chose et se poser les bonnes questions, à commencer par : pourquoi je fais tout ça?
Il faut continuer d’apprécier son sport, certes, mais aussi l’entraînement. Les experts en motivation d’athlètes professionnels parlent d’aimer le grind, soit la répétition d’un travail exigeant, qui nous amène dans une zone d’inconfort ou de douleur, mais qu’on apprend à apprécier.
Plutôt que de voir vos intervalles de côtes comme un fardeau, par exemple, il faut apprendre à les chérir. C’est un retournement mental important. Mais il change considérablement la manière d’envisager ses entraînements.
Trouver ce qui m’anime (et la paix intérieure)
Si vous êtes du type motivation extrinsèque, pensez à vos adversaires. Eux sont en train de se préparer pour être meilleurs. Ils mangent bien, se reposent, font les bons entraînements.
Chez certains athlètes, c’est la peur d’échouer qui attise le feu sacré. Est-ce que perdre une course vous rendra misérable, plus encore si vous n’avez pas fait l’essentiel pour y parvenir?
Si ce sont les objectifs à venir qui vous animent, faites-en la liste. Certains ne conviennent pas et vous trouvez leur préparation trop accaparante? Alors modifiez votre plan de match. L’idée, ici, c’est d’avoir des buts pour garder l’envie de s’entraîner intacte. Pas de s’en dégoûter en cours de route.
Plusieurs athlètes se tournent aussi vers la méditation en pleine conscience lorsqu’ils sont assaillis par des pensées négatives. C’est une méthode efficace qui permet de se détendre et de faire le vide au lieu de se sentir toujours accablé par ce qui s’accumule dans l’agenda.
Me souvenir que c’est un mode de vie
S’entraîner pour un sport d’endurance n’est pas l’affaire de quelques semaines par année : cela occupe notre vie entière. Bien manger, respecter son programme d’entraînement, se reposer et suivre les indications de son coach…
Ça peut paraître contraignant, surtout si les objectifs de saison sont atteints, ou loin devant. Mais vous pouvez aussi rendre cette quête plus concrète et agréable en y insérant d’autres objectifs.
Par exemple, vous pourriez profiter de vos entraînements d’intervalles en côtes (eh oui, encore eux!) pour parfaire votre technique de descente. Ou peut-être voudriez-vous améliorer votre efficacité de pédalage?
Ponctuez vos trainings de ce genre de petits buts : des micro-objectifs qui permettent de se donner de petites tapes dans le dos tandis qu’on garde le cap sur les principaux événements qui motivent tout ce travail.
Prendre une pause
De temps à autre, il faut décrocher. Partir en voyage sans son vélo, manger des trucs vraiment mauvais pour la santé, boire de l’alcool, se coucher tard : peu importe votre poison, une saine dose est recommandée lorsque votre calendrier le permet.
Chaque année, après Il Lombardia, qui signale pour plusieurs coureurs la fin de la saison, on assiste à un étrange spectacle : des rangées de cyclistes émaciés faisant la file au McDo de l’aéroport de Milan. Pour plusieurs, cela marque le début de quelques semaines de repos total, loin du vélo. Ils s’amusent, voient leur famille, refont le plein d’énergie. Et de motivation, aussi.
S’amuser dans son sport
Chaque semaine, la championne américaine Kate Courtney fait une sortie de soirée avec ses amis.
Pas de chiffres, pas d’objectif précis. Seulement le plaisir de se défoncer sur le vélo, le sourire aux lèvres. Ces sorties font partie de son entraînement. Elle en collecte les données (mais range son appareil dans sa poche pendant la sortie) et celles-ci sont tout de même colligées par son coach. Et ce dernier s’assure qu’elle fait ces sorties, qui sont essentielles à sa santé mentale et contribuent à amplifier sa motivation intrinsèque.
Faites la même chose : si vous faites surtout de la route mais aimez la montagne, allez vous faire brasser dans les roches et les racines avec vos amis au moins une fois par semaine. La course à pied en forêt vous amuse? L’idée de faire de longues sorties de vélo pour vous rendre au chalet (donc avec un but ludique) vous branche? Allez-y!
Des modèles
Nous avons demandé à deux athlètes qui sont des habitués chez Vélo Cartel de nous dire comment ils conservent la motivation pendant la saison.
Voici ce qu’ils ont à nous dire :
Mathieu Bélanger-Barrette
«Je suis très motivé de nature, mais chaque année, je me fixe quelques objectifs principaux et je les parsème d’autres événements moins importants. Tout l’hiver, j’avais Rasputitsa en tête. Ensuite, ça a été mon Everesting : il a fallu que je fasse beaucoup de grosses sorties pour ne pas échouer. Même chose pour le TransRockies. Je me suis demandé ce que j’allais faire après, avant de me décider : le Championnat canadien de marathon (de vélo de montagne). Tout le reste de ma saison sera tourné vers ça. C’est comme ça que je rends les choses intéressantes et que je me motive.»
Frédérique Larose-Gingras
«J’ai aussi demandé à mes coéquipières avant de répondre, alors voici un mélange de leurs techniques et des miennes. D’abord, se fixer de nouveaux objectifs une fois qu’on en a atteint certains. Ensuite, faire des sorties simplement agréables et belles dans de nouveaux endroits (donc, ne pas toujours faire les mêmes routes pour seulement s’y entraîner). Passer du temps avec des amis qui ne font pas de vélo est assez profitable également, de même que se faire plaisir lorsqu’on roule. Moi, j’en fais le prétexte pour aller découvrir de nouveaux cafés.»