Pour plusieurs cyclistes, la recherche du parfait équilibre entre poids et puissance s’avère une quête laborieuse. Certains tentent de déjouer la nature en s’entraînant à fond ou en changeant radicalement leurs habitudes de vie.
Le chemin vers le ratio poids-puissance est sans doute moins cahoteux lorsqu’on comprend les facteurs qui modifient notre masse corporelle. Évidemment, les aliments qu’on ingère, couplés avec notre dépense énergétique, peuvent engendrer certains résultats, mais ce duo n’explique pas totalement la perte ou la prise de poids.
Le métabolisme basal
D’un point de vue métabolique, le nerf de la guerre dans la prise ou la perte de poids est sans nul doute le fameux métabolisme basal (ou de base). Grosso modo, il s’agit de l’énergie que le corps dépense pour assumer toutes ses fonctions vitales, sans qu’on lève le petit doigt.
Par exemple, si j’ai besoin de 1200 calories par jour pour vivre en étant couchée sans rien faire, et que j’en consomme 1500, j’aurai donc un surplus de 300 calories à la fin de la journée. Simple, n’est-ce pas? Pas tant que ça…
Malgré ce calcul en apparence enfantin, il est très difficile de connaître notre mesure de métabolisme basal. En plus, celui-ci peut varier considérablement entre deux individus de mêmes poids, âge et composition corporelle. Il existe certes des sites web qui proposent de le mesurer, mais les résultats demeurent assez estimatifs. Selon certains spécialistes*, cette différence interindividuelle pourrait aller jusqu’à 10 % et serait attribuable entre autres à l’utilisation d’énergie de nos organes.
Comme de nombreuses compagnies alimentaires et pharmaceutiques l’ont compris, proposer des solutions afin d’augmenter le métabolisme basal pourrait être gage de perte de poids. Mais pouvons-nous vraiment ingérer une pilule et maigrir en écoutant notre émission favorite sur le sofa? Si c’était si facile, on n’assisterait pas à une pandémie mondiale d’obésité…
Ce qui pèse dans la balance
Les différences observées entre les métabolismes peuvent d’abord s’expliquer par la composition corporelle de chaque individu. Une grande quantité de muscles comparativement à la masse grasse augmente le métabolisme. Toutefois, quand on vieillit, la masse musculaire peut diminuer selon notre mode de vie; c’est l’une des raisons pour lesquelles le métabolisme tend alors à ralentir.
Qui plus est, les habitudes de vie peuvent aussi expliquer en bonne partie l’augmentation du poids qui surprend les gens après 40 ans. On note entre autres une diminution des activités physiques couplée à un moins bon contrôle des signaux de faim et de satiété. Autrement dit, le débalancement entre nos apports alimentaires et notre dépense énergétique explique davantage la prise de poids qu’une diminution marquée du métabolisme de base.
Comment avoir le métabolisme le plus élevé? Actuellement, ce sont les individus grands, musclés, actifs et jeunes qui gagnent à la loterie. En marge de tous ces aspects, la génétique apportera également son grain de sel dans la balance, entre autres par notre ethnicité.
Déjouer la nature
Sachant ce qui influence réellement le métabolisme de base, la question se pose tout de même : sommes-nous en mesure de l’accélérer en trouvant des subterfuges qui minimisent les facteurs génétiques? Docteur Google regorge d’informations et de trucs qui semblent fonctionner : augmenter notre consommation de caféine ou de thé vert, dormir suffisamment pour garder nos hormones de l’appétit bien réveillées… Cependant, aucune de ces techniques ne fonctionne réellement à long terme. Certaines peuvent momentanément modifier notre métabolisme, mais jamais assez pour entraîner des changements notables et permanents. Quant aux suppléments «brûleurs de graisses», ils peuvent faiblement aider certaines personnes à brûler plus rapidement les calories, mais pas de façon significative pour engendrer une réelle différence.
La question qu’il faut se poser, c’est plutôt : comment réussir à maintenir notre métabolisme à son niveau actuel, sachant qu’il risque de diminuer avec l’âge?
Se doter d’une bonne masse musculaire, compatible avec notre sport, et la préserver dans le temps est une bonne première étape. Au quotidien, manger suffisamment de fibres (légumes, fruits, grains entiers) et boire beaucoup d’eau active notre digestion, et ainsi notre métabolisme.
La meilleure façon de le préserver est donc en le gardant élevé en tout temps, notamment en continuant de faire de l’exercice physique, qui permet d’activer notre cœur et les autres organes vitaux.
À l’inverse, les régimes drastiques, qui engendrent une importante perte de poids, auront plutôt l’effet de ralentir le métabolisme : le corps s’habituera alors à utiliser moins d’énergie pour fonctionner, par peur d’en manquer prochainement.
Comme toujours, améliorer nos habitudes de vie est davantage gage de succès que d’essayer des diètes à la mode et des suppléments coûteux. On ne pédale pas pour modifier notre métabolisme, mais pour le mode de vie qui y est associé et pour le bien-être que ce sport nous apporte. Revenir à l’essentiel, suivre son intuition pour se nourrir et apprécier le fait de bouger, voilà des choix personnels que même notre génétique ne peut pas modifier.
* USDA Human Nutrition Research Center on Aging at Tufts University