Petit guide de savoir-vivre à l’usage des sorties de groupe

Petit guide de savoir-vivre à l’usage des sorties de groupe

Rouler avec d’autres cyclistes, c’est génial. À condition de partager, au minimum, quelques notions communes de vivre-ensemble qui permettent d’éviter les tensions, les frictions, et surtout les accidents.

Le philosophe et auteur existentialiste Jean-Paul Sartre (oui, le même que dans vos cours de philo au Cégep) écrivait que, parfois, « l’enfer, c’est les autres ». Voici ce qu’il faut savoir pour ne pas être cet autre-là.

Une sortie de groupe, c’est pas une course…

…à moins que ce soit annoncé comme tel.

Si vous joignez une « drop ride », donc que le principe est que les meilleurs survivent au front et les autres se font larguer, d’accord, vous pouvez aller à l’avant et tout donner.

Autrement, si vous joignez le groupe rapide du jour, généralement composé de cyclistes expérimentés, ça se peut que ça pince aussi, mais l’idée demeure de rester groupé, et que le rythme soit constant. Rapide, dur, mais tempo.

Dans toutes les situations, si vous participez à une sortie de groupe et que vous allez à l’avant pendant 2 minutes pour ensuite exploser et vous réfugier dans les roues, non seulement il n’y a pas de quoi être fier, mais sachez que les cyclistes expérimentés risquent de se foutre de votre gueule. Ou de vous engueuler, parce que le principe de toutes les sorties de groupe (à l’exception de la drop ride, où votre boost d’ego risque d’être très éphémère) … c’est -rappelons-le encore- de rester ensemble, donc de ne pas de faire exploser le peloton.

Inscrivez-vous à une course si vous voulez voir ce que vous valez vraiment.

Soyez plus vigilants qu’à l’habitude

Quand on roule solo, ou en très petit groupe, on jauge plus facilement les risques posés par la circulation et le mobilier urbain.

En plus grand nombre, les personnes à l’avant doivent tenir compte de la dimension du groupe dans leurs décisions. Comme par exemple, au moment de traverser une artère, un chemin où le trafic est dense, ou rapide.

Comme c’est pas une course, on s’attend, on prend le temps de bien jauger le risque, on reste prudent. Tout le monde n’a pas le même niveau de confiance non plus. On en tient compte.

Faire la demi-roue, c’est mal

La personne la plus gossante du peloton? Celle qui vient à l’avant, à côté de vous, et en donne toujours juste un peu plus pour vous dépasser d’une moitié de roue. Puis, lorsque vous rééquilibrez les choses, elle recommence.

Notez bien : cette pratique, appelée la demi-roue, est formellement interdite.

Les novices qui ignorent cette règle non-écrite des sorties de groupe risquent de l’apprendre à leurs dépens. Un jour ou l’autre, elles tomberont sur une personne moins patiente qui leur fera savoir que la demi-roue est non seulement désagréable, parce qu’elle oblige à toujours fournir de petits efforts pour retrouver l’équilibre, mais elle a aussi tendance à obliger tout le monde derrière à s’ajuster au rythme inconstant que cela provoque.

Plutôt qu’un banc de poissons qui évolue avec harmonie, le groupe est soumis à cette irrégularité qui nuit à sa cohésion. Derrière, personne ne sait exactement ce qui se produit, mais l’effet de la demi-roue se fait sentir et l’humeur du groupe n’y échappe pas.

Faire connaître ses intentions, c’est plus cool qu’on pense

Un arrêt s’en vient? Levez la main. On devra bientôt tourner? Faites-le savoir.

Plus les signaux sont clairs, moins on risque les freinages intempestifs et les accidents que cela provoque.

Imaginez que vous êtes en voiture : vos clignotants, la lumière de frein et les lumières d’urgence servent à indiquer vos intentions ou ce qui se trame devant.

Faites pareil en vélo, avec vos mains et votre voix.

Pointer les dangers, ça sauve des vies

Bon, on exagère un peu. Mais ça sauve de la peau et du carbone, ça c’est sûr.

Et non, rouler sans jamais rien indiquer des trous, craques, fentes, chaînes de trottoir, gravier et autres dangers sur la route (que la présence d’autres cyclistes devant soi rend invisibles), ça ne fait pas « plus pro ». Ça fait juste créer du chaos. Et le chaos, ça fait tomber le monde à terre.

Donc pointez vers les dangers, préférablement AVANT qu’ils ne surviennent. Idéalement, on mime le geste des personnes devant soi pour que tout le monde à l’arrière bénéficie de la même information.

On forme une chaîne de gens pour se protéger du vent. Ce serait cool aussi qu’on se protège les uns et les autres.

Ajustez-vous au groupe

Vous n’êtes pas là pour nous montrer que vous êtes meilleur que tout le monde. Pour ça, y’a Strava.

Si vous rejoignez un groupe, adaptez-vous à son rythme, n’attaquez pas dans les montées et si vous êtes parmi les plus costauds, n’en rajoutez pas en haut de la bosse, alors que tout le monde en arrache derrière.

Si vous êtes plus fort : prenez du vent, laissez-vous glisser à l’arrière pour ramener des retardataires, rendez-vous utiles plutôt que nuisibles.

Les choses ne vont pas assez vite à votre goût? C’est correct. Allez rouler de votre bord.

Attention lorsque vous vous levez sur les pédales…

Si vous n’ajoutez pas du braquet et un peu de force dans les pédales, votre roue arrière risque de reculer lorsque vous vous levez debout et d’entrer en contact avec la roue avant de la personne derrière vous.

Ce genre de chose se pratique quand on est seul. Il doit y avoir soixante-mille tutos sur la question sur Youtube.

Utilisez l’air plutôt que vos freins pour ralentir

Le freinage brusque est à proscrire en peloton.

Évidemment, il faut un moment avant d’être à l’aise dans un groupe en mouvement et d’user de ses freins le moins possible, mais si vous souhaitez vous ralentir un peu, servez-vous de votre corps comme d’un parachute.

Si vous levez votre troncs ou que vous quittez votre position protégée derrière la personne devant vous, cela suffit souvent à vous ralentir. Si vous devez utiliser les freins, allez-y doucement. Sinon, le risque d’empilade à l’arrière est élevé.

Tout le monde peut prendre son tour à l’avant, selon ses capacités

Vous êtes la personne la moins forte d’un groupe où tout le monde prend un relais à l’avant? Prenez-votre tour, mais très brièvement, puis glissez vers l’arrière. Cela permet une meilleure cohésion de groupe et c’est plus sécuritaire, parce que plus prévisible.

Vous êtes la personne la plus forte? Prenez de plus longs relais à l’avant, sans trop en faire. Donc plus longtemps, mais pas plus fort, histoire de ne pas épuiser tout le monde derrière.

Est-ce qu’on a dit que c’est pas une course?

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