Avec l’avènement de l’entraînement en puissance, le capteur de fréquence cardiaque semble avoir été mis au rancart. Mais est-il totalement inutile pour autant?
Toute-puissante puissance
Les avantages de l’entraînement en puissance (watts) sont nombreux. C’est une observation objective, fiable et constante. Elle est aussi instantanée, ce qui permet d’effectuer des efforts courts (comme des sprints, des intervalles courts) avec un extrême degré de précision dans les données.
Que veut-on dire par «objective»?
Simplement qu’avec les watts, on ne tient pas compte des facteurs internes et qu’on mesure la force déployée. Ainsi, si vous placez deux cyclistes de poids identique côte à côte sur la même route, dans les mêmes conditions, celui qui déploie le plus de puissance (donc de watts par kilo) arrivera le premier en haut. Peu importe les fréquences cardiaques respectives de nos adversaires. La puissance est donc l’étalon par excellence de l’énergie externe, ou si vous préférez : ce que vous poussez sur les pédales, sans égard à ce que vous dépensez pour y parvenir.
Examiner le moteur
Mais quelle quantité de carburant avez-vous laissée sur la route lors de cet effort? Jusqu’où avez-vous réellement poussé le moteur? Et dans quel état est ce dernier après coup?
Des mesures comme le TSS et l’IF en donnent une idée, mais la fréquence cardiaque est très utile pour jauger l’état général du moteur – soit votre corps. Les mesures qui reposent sur des calculs effectués à partir de la puissance ne connaissent pas votre état de fatigue, votre alimentation, votre hydratation et votre niveau de stress. Ces facteurs influent sur la capacité du corps à générer un maximum de puissance en utilisant un minimum de ressources. Ils sont donc déterminants dans votre préparation et votre récupération.
Éviter le surentraînement et vérifier sa progression
Pour effectuer des efforts courts, ou qui varient assez régulièrement, le cardiofréquencemètre n’est pas d’une grande utilité.
Toutefois, il peut exposer à quelle vitesse vous récupérez, ce qui n’est pas sans intérêt, bien au contraire. Et pas seulement lors d’un entraînement, mais au fil des jours.
Prendre sa fréquence au repos tous les matins permet de jauger son niveau de fatigue : des battements trop rapides au réveil signalent qu’on n’a pas bien récupéré. Des variations importantes lors des efforts aussi. Si vous n’arrivez pas à atteindre votre maximum habituel ou si, au contraire, vous explosez le cadran au moindre effort, il est peut-être temps de prendre un bon congé et surtout d’en discuter avec votre coach pour ajuster la charge d’entraînement.
Aussi, la captation des battements du cœur peut permettre de mesurer une amélioration ou une détérioration de la forme. Par exemple : si on répète, à quelques semaines d’intervalle, un entraînement à une moyenne de 300 watts, mais que la moyenne des battements cardiaques baisse de 20 BPM entre le premier et le second test, alors on a sans doute amélioré sa forme.
Deux entraînements où c’est utile
Lors de sorties longues (on parle de 3 à 6 heures) en zones 1 et 2, donc à très faible intensité, il est préférable de vous fier à votre fréquence cardiaque plutôt qu’à votre puissance afin de vous assurer de ne pas trop en faire et de tirer profit de cet entraînement – au lieu de vous épuiser.
Car ici, il est question d’activer le corps en ne dépassant jamais une certaine intensité d’effort. Et il se peut que, si vous êtes fatigué, par exemple, vous excédiez la limite souhaitée, même si vous respectez une puissance très modérée.
Pour des entraînements de contre-la-montre, qui requièrent des efforts constants, il est aussi intéressant de prendre la mesure des effets de l’accumulation d’efforts dans le temps afin d’éviter d’exploser.
Être plus sensible aux sensations
Si on résume : la fréquence cardiaque vous raconte ce qui se passe dans votre corps. Le capteur de puissance détaille ce qui en sort. Si vous dormez, buvez ou mangez mal, si vous êtes consumé par le stress ou l’anxiété avant un événement, vos battements cardiaques peuvent sonner l’alerte.
De manière plus générale, le cardiofréquencemètre vous en apprend plus sur la machine que vous êtes. Il peut donc vous enseigner à mieux écouter votre corps, à être plus sensible aux sensations que nous tentons parfois de faire taire, alors qu’il faudrait les écouter attentivement.